SOMNIA
De Louison Roblin, Nina Theveny, Thécia Sineau et Mathilde Servoir - France 2021 (DNMADe du lycée Saint-Étienne)
Une application qui permet de rencontrer des gens dans ses rêves aide Barington à s’échapper d’un quotidien ennuyeux…
Mardi 5 octobre || 14h00
OLGA de Élie Grappe
Suisse / Ukraine / France – 85’
Avec Thea Brogli, Nastya Budiashkina, Sabrina Rubtsova
Festival de Cannes 2021 – Semaine Internationale de la Critique
AVANT-PREMIÈRE
2013. Olga est une gymnaste de 15 ans, talentueuse et passionnée. Elle prépare à Kiev les prochains championnats d’Europe. Or sa mère, journaliste sur le net, et qui dénonce la corruption des élites ukrainiennes, est sous la menace des rétorsions de ce pouvoir dévoyé. Si elle est en danger, sa fille l’est forcément. Elle envoie donc Olga en Suisse, en sécurité. Mais la jeune fille doit s’adapter à sa nouvelle vie et se retrouve face à un choix cornélien puisque concourir pour la Suisse reviendrait à renoncer à sa nationalité…
Le film repose sur la dialectique de l’interdépendance entre destin personnel et destin collectif : jusqu’où peut-on dissocier ses propres choix d’un élan collectif dont on se sent solidaire, ou pour le moins tributaire ? Le film raconte ce dilemme d’Olga, un dilemme qui envahit même sa propre pratique disciplinaire, puisque participer à un championnat implique forcément de le faire pour un drapeau. Peut-on rester neutre au nom de sa passion ? Le problème se pose à chaque manifestation sportive et place les athlètes dans une confusion entre implication nationaliste et prise de position morale. À Kiev, la place Maïdan est en ébullition, en révolte contre l’autocratie de Iakounovitch, et sa mère est au coeur de cet incendie révolutionnaire : « Pour la liberté, nous donnerons nos âmes et nos corps » chantent les manifestants. Olga sait déjà à qui donner son âme ; au nom de la liberté, donnera-t-elle aussi son corps ?
ÉLIE GRAPPE
D’abord musicien, ce jeune réalisateur de 27 ans, a passé une décennie au Conservatoire National de Lyon avant d’intégrer en 2011 le département Cinéma de l’École de Lausanne. Il y réalise deux premiers courts-métrages remarqués, Répétition et Suspendu. Il dirige en 2019 le casting et le coaching des interprètes du film de Blaise Harrison, Les Particules. Olga est son premier long-métrage, dont il a coécrit le scénario avec Raphaëlle Desplechin.
EN UN TEMPS SUSPENDU
de Lilian Demoulin, Alizée Jung et Amaury Laurent France 2021 (DNMADe du lycée Saint-Étienne)
Dans une petite salle de cinéma, un homme assiste à un film d’horreur…
Mardi 5 octobre || 16h00
de Rachel Lang
Belgique – Drame – 107’
Avec Louis Garrel, Camille Cottin, Ina Marija Bartaité, Aleksandr Kuznetsov
Festival de Cannes – Quinzaine des Réalisateurs
AVANT-PREMIÈRE
Pour servir la France, ils viennent de partout dans le monde et intègrent la Légion étrangère, leur nouvelle famille, aux accents de tour de Babel. Une grande famille constituée de petites familles, de couples, d’amoureux, d’enfants. En Corse, quand des hommes sont partis, les femmes s’épaulent les unes les autres, par affinités, accueillent les nouvelles, se réunissent, s’occupent, tuent l’attente ensemble sous le patronage d’un club des épouses qui veille au grain.
Le monde des armes peut-il vraiment parler d’amour ? Ou peut-il nous en parler autrement que sous l’image grivoise du repos du guerrier ? Il fallait sans doute une réalisatrice, par ailleurs familière de l’armée, pour nous livrer un film où le combat amoureux de ces femmes, amoureuses de l’homme et non de l’uniforme, répond en contre-champ au combat militaire et recouvre peu à peu le credo patriotique. Il y a derrière chacune d’elles, le cri anxieux et enamouré de Piaf. On pense à Apollinaire aussi, poète exilé à la guerre et qui offrait à celle qu’il aimait des fleurs de gerbes d’obus, une beauté meurtrie par les circonstances, et néanmoins poésie du dire-l’amour : « Il y a là le chant de tout l’amour du monde. » À la Légion aussi.
RACHEL LANG
Après des études en philosophie à Strasbourg, elle s’oriente en Belgique dans le domaine des Arts de diffusion. Ses deux premiers courts-métrages, Pour toi je ferai bataille, en 2010 et Les Navets blancs empêchent de dormir sont immédiatement distingués et parcourent les festivals. En 2016, elle signe un premier long-métrage, Baden Baden, sélectionné à la Berlinale. Rachel Lang est réserviste dans l’armée depuis plus de dix ans.
CADAVRE EXQUIS
de Valérie Mréjen - France 2013 - 5’
Des enfants racontent à la réalisatrice les souvenirs de leur découverte du cinéma.
E N P R É S E N C E D U R É A L I S A T E U R
Mardi 5 octobre || 18h00
de Michel Leclerc
France – Documentaire – 109’
AVANT-PREMIÈRE
C’est l’histoire d’un couple qui ne pouvait pas avoir d’enfants et qui en a eu des centaines. C’est l’histoire d’intellectuels, anarchistes, pacifistes, syndicalistes et féministes. C’est l’histoire de résistants qu’on a pris pour des collabos. C’est l’histoire d’Yvonne et Roger Hagnauer que tout le monde appelait Goéland et Pingouin. C’est l’histoire de la maison d’enfants de Sèvres, une expérience unique de liberté, de pédagogie et d’ouverture au monde. Et puis c’est aussi mon histoire puisque ma mère, sauvée par ce couple, a passé dans cette maison toute son enfance.
Ou comment restaurer l’enfance, le socle d’un bonheur qui devrait être le substrat de la vie de chacun. L’histoire d’une maison – le mime Marceau, qui fréquenta souvent le Lot, y fut animateur sous le nomtotem de « Kangourou » – qui guérit des coups du sort, des traumatismes de l’Histoire, de ceux de nos histoires, et qui sublime chacun d’entre nous par-delà le carcan ambigu de nos origines. Une ode à la liberté, engagée ; une ode à la libération, militante : pour devenir, quel que soit son « héritage », tout simplement soi-même.
MICHEL LECLERC
Scénariste, réalisateur, il a d’abord fait ses gammes à la télévision – pour laquelle il travaille encore occasionnellement, par exemple sur la série Fais pas ci, fais pas ça. Il réalise son premier long métrage en 2006, J’invente rien, et se fait connaître du grand public en 2010, avec Le Nom des gens, récompensé en 2011 de deux Césars, celui du meilleur scénario original (avec sa compagne et co-scénariste Baya Kasmi), et celui de la meilleure actrice, pour Sara Forestier. Michel Leclerc incarne un cinéma engagé – Télé gaucho en 2012, La Lutte des classes en 2019 – et ce premier documentaire, Pingouin & Goéland, pour ce qu’il a – en partie – d’autobiographique, jette immanquablement un éclairage nouveau sur son oeuvre.
CLUMSY LITTLE ACTS OF TENDERNESS
De Miia Tervo - Finlande 2015 - 8’56’’
Un père longtemps séparé de sa fille tente de lui prouver son amour dans un supermarché…
Mardi 5 octobre || 21h00
de Jean-Marie et Arnaud Larrieu
France – Comédie musicale – 120’
Avec Mathieu Amalric, Josiane Balasko, Mélanie Thierry, Maïwenn
Présenté en séance de minuit au Festival de Cannes 2021
AVANT-PREMIÈRE
Tralala, la quarantaine, chanteur de rue à Paris, vit de riens dans un squat voué à la démolition. Un soir, il a une apparition, celle d’une jeune femme virginale qui lui adresse un message étonnant : « Surtout ne soyez pas vous-même ! » Tralala a-t-il rêvé ? Il quitte la capitale et finit par retrouver à Lourdes celle dont il est déjà amoureux mais qui ne se souvient plus de lui. Une émouvante sexagénaire croit alors reconnaître en Tralala son propre fils, Pat, disparu vingt ans auparavant aux États-Unis. Tralala décide d’endosser le destin de Pat, se découvre une nouvelle famille et le génie qu’il n’a jamais eu…
Depuis longtemps les frères Larrieu rêvaient d’accrocher Lourdes, comme tous leurs lieux familiers, à leur filmographie. En 2019, syndrome de Jeanne d’Arc, un appel du CNC à relancer le genre de la comédie musicale répond à leur voeu : « Jacques Demy a tourné dans des lieux de province forts, Rochefort et Cherbourg. Pour nous Lourdes c’était naturel ! » Voilà donc l’occasion de revisiter le kitch de la cité de Bernadette dans un conte merveilleux et contemporain, où la bonne fortune du hasard remplace les miracles, et la perspective du bonheur, la rédemption. Mais quand les réalisateurs filent la métaphore christique c’est sans prétention ni dédain. Au contraire, leur fantaisie en tire une perspective récréative : à dire les choses, à travers Pat, Tralala revient « d’entre les morts » ! Une résurrection, qui fait écho à l’injonction du départ à ne pas être soimême, et qui n’a rien d’une usurpation, tant le candide Tralala est l’incarnation de l’innocence. C’est l’histoire d’une renaissance, c’est aussi l’histoire d’une certaine idée du cinéma où le quiproquo et l’absurde sont la manifestation de tous les possibles du monde, auxquels on ne pense pas, auxquels on ne croit pas assez. Abracadabra !
JEAN-MARIE et ARNAUD LARRIEU
Héritant fort jeunes de la passion pour le cinéma d’un de leurs grands-pères, les deux frères choisissent pourtant des études de lettres, s’initiant à la réalisation en tournant nombre de courtsmétrages, à partir des années 80. Leur premier long métrage, Fin d’été, date de 1999 et c’est l’année suivante, pour La Brèche de Roland, qu’ils rencontrent Mathieu Amalric, qui sera dès lors leur acteur fétiche. C’est aussi sur ce film qu’ils entament leur collaboration avec Philippe Katerine, dont on retrouve des compositions sur Tralala. Leur cinéma est marqué par leur fidélité aux Pyrénées et un nonconformisme qui crée toujours beaucoup d’attente : on reconnaît les Larrieu à ce qu’ils nous surprennent toujours !