VENDREDI 22 NOVEMBRE - 14H00
de Itsaso Arana
ESPAGNE - 2023
COMÉDIE DRAMATIQUE – 85’ - VOSTF
Avec Bárbara LENNIE, Irene ESCOLAR, Itziar MANERO, Helena EZQUERRO, Itsaso ARANA
C’est l’été. Un groupe de jeunes femmes se réunit dans une maison à la campagne pour répéter une pièce de théâtre. À l’abri de la chaleur écrasante, elles partagent leurs savoirs sur l’amitié, le jeu, l’amour, l’abandon et la mort, avec le secret espoir de devenir meilleures. Bien sûr, c’est sans doute un film de femmes, un film qui trouve sa source dans l’écoute attentive et curieuse de ce que les femmes se disent, se confient entre elles ou se transmettent d’une génération à l’autre. Ça n’en reste pas moins un film sur le théâtre, sur le statut de la parole théâtrale, sur le pouvoir que la scène peut infuser dans notre vie, dans notre propre petit théâtre du quotidien, au gré d’une distribution faite de nos proches, présents, absents, parfois disparus. On est émerveillés par une mise en abyme qui se dédouble encore face à la caméra et dont le naturel fait force de modèle pour nous encourager à délier nos langues, à ne pas taire, à oser parler. Certains trouveront le film bavard : détrompez-vous, c’est un éloge de la parole !
Chiara MALTA : Itsaso Arana : Elle est avant tout de formation théâtrale, étudiant notamment à l’Académie Royale de Madrid, fondant en suivant, en 2004, sa propre troupe, La Tristura. Au cinéma, on la connaît surtout comme l’actrice incontournable des films de Jonás Trueba, dont elle est désormais la co-scénariste, sur Eva en août, notamment, et tout récemment, Septembre sans attendre.
VENDREDI 22 NOVEMBRE - 14H15
de Tawfik Alzaidi
Arabie Saoudite - Drame - 90’ – VOSTF
Mention spéciale du jury – Un certain regard – Cannes 2024
Avec Yagoub ALFARHAN, Maria BAHRAWI, Aixa KAY
Arabie Saoudite, années 90. Dans un village isolé du désert, Nader, le nouvel instituteur, arrive en annonçant de nouvelles directives d’enseignement qui laissent sceptiques l’assemblée traditionnelle des hommes. Norah, une jeune femme en quête d’identité et de liberté, entre en contact avec Nader. Leur communication secrète, nourrie par le dessin et par une certaine idée de la beauté, ouvre alors un chemin vers un espoir d’émancipation…
Un film saoudien est une rareté ! Voilà qui explique sans doute combien le film aura été attendu puis scruté en tant que possible indice d’ouverture, envers les femmes, d’un régime au traditionalisme bien établi. Le dessin y prend un sens, une gravité, qu’en occident nous évaluons mal, tant il est dans le monde arabo-musulman au centre de la problématique, si sensible, de la représentation et du reflet, qui s’apparentent souvent à un dévoilement, une impudeur, une impiété. Nous voilà donc dans le miroir d’un monde presque sans miroir, où la quête de soi débute par celle de son image, image que la rareté, l’exception, élève surprenamment au rang d’art.
Tawfik ALZAIDI : Scénariste né en 1982 à Médine, il commence à tourner ses propres films en 2006, débutant par le documentaire puis des courts-métrages primés à travers les principaux festivals du Moyen-Orient : à Jeddah, Mascate, Riyadh, ou au Liban. C’est donc un réalisateur reconnu dans tout le monde arabo-musulman et dont le regard questionne très souvent, c’est le cas de Four Colours en 2015, la place des femmes dans la société arabique.
VENDREDI 22 NOVEMBRE - 16H15
de Saïd Hamich Benlarbi
France - Drame/romance – 117’
AVANT-PREMIERE
Avec Ayoub GRETAA, Anna MOUGLALIS, Grégoire COLIN
Nour, 27 ans, a émigré clandestinement à Marseille. Avec ses amis, il vit de petits trafics et mène une vie marginale et festive… Mais sa rencontre avec Serge, un flic charismatique et imprévisible, et sa femme Noémie, va bouleverser son existence. De 1990 à 2000, Nour aime, vieillit et se raccroche à ses rêves.
Le film est tout empreint d’une émotion, d’une nostalgie incarnée par le visage doux de Nour : visage de résilience, d’acceptation et de ténacité, de bienveillance et d’amitié, d’une rage rare qui surprend quand elle éclate. C’est une fresque, le long, lent cheminement initiatique vers la révélation d’un bonheur qu’il ne reconnaît pas d’abord, sceptique de trop réfléchir, sceptique d’avoir connu plus bas que terre, d’avoir appris la liberté et l’amour, à coups de paradoxes, d’un flic brouillant les cartes du monde. Une galerie de portraits étonnants, dans la ville iconique d’un monde naturellement cosmopolite, mais qui semble miné par le sentiment diffus d’un exil qu’on ressent partout, sur les deux rives de la mer, et qui repousse longtemps la reconnaissance d’une joie toute simple : celle d’être chez soi.
Saïd HAMICH BENLARBI : Diplômé de la FEMIS, il est producteur. Son investissement est pour beaucoup dans l’émergence de toute une génération de réalisatrices ou de réalisateurs franco-marocains : Nabil Ayouch, Abdellah Taïa, Faouzi Bensaïdi, Meryem Benm’Barek ou Yasmine Benrikan, par exemple. En tant que réalisateur, il signe un premier long-métrage en 2018, Retour à Bollène, suivi d’un court en 2020, Le Départ.
VENDREDI 22 NOVEMBRE - 16H30
DIMANCHE 24 NOVEMBRE - 16H30
de Antonella Sudasassi Furniss
Costa-Rica - Drame - 90’ - VOSTF
Avec Sol CARBALLO, Paulina BERNINI, Juliana FILLOY
SORTIE NATIONALE
Bien sûr, il s’agit de mémoires de femmes qu’un Michel Foucault aurait pu intituler « Histoire de la sexualité féminine sous férule machiste » et le film est surtout édifiant, alors, pour ce qu’il raconte des hommes, sans la moindre possibilité de faire appel : la culpabilisation change de camp. Mais le plus émouvant reste que ces femmes, « exilées » dans un corps méprisé des hommes, ont toujours gardé, parfois cultivé, un lien au plaisir qu’il promettait. Il y a dans ces trois destins féminins l’idée d’une épopée du plaisir, depuis celui qu’on goûte en secret jusqu’à sa libération des rets d’autorité. Une épopée du plaisir et de la reconnaissance, celle d’être reconnue en tant que personne, au-delà qu’en tant que femme. Et si le propos vous paraît irrépressiblement grave, faites confiance à la réalisatrice : elle fait de son film un ballet, où la mémoire des personnages tisse avec leur présent une sorte de temps cyclique que le spectateur accepte avec surprise et enchantement.
Antonella SUDASASSI FURNISS : Scénariste, réalisatrice, productrice costaricienne, son premier film, The Awakening of the Ants, fut présenté à la Berlinale 2019. Le film, sélectionné pour représenter le Costa Rica aux Oscars, devint le premier film d’Amérique centrale à recevoir une nomination aux Goya Awards et à remporter un Platino Award, sélectionné par ailleurs dans plus de 65 festivals et lauréat de quinze prix. Elle s’intéresse particulièrement aux personnages féminins, à la manière dont les femmes appréhendent leur sexualité aux différentes étapes de leur vie.
VENDREDI 22 NOVEMBRE- 20H45
De Mathias Mlekuz
France - Comédie dramatique - 90’
Avec Mathias MLEKUZ, Philippe REBBOT, Josef MLEKUZ, Marziyeh REZAEI
Festival d’Angoulême : prix du public, de la mise en scène et de la musique
AVANT-PREMIÈRE EN PRÉSENCE PAR VISIO DU RÉALISATEUR, MATHIAS MLEKUZ
De l’Atlantique à la mer Noire, Mathias embarque son meilleur ami Philippe dans un road-trip à bicyclette. Ensemble ils vont refaire le voyage que Youri, son fils, avait entrepris avant de disparaître tragiquement. Une épopée qu’ils traverseront avec tendresse, humour et émotion. Le voyage est souvent associé à une quête. Il est ici une quête complexe : mettre ses pas dans les pas d’un enfant disparu pour… Pour quoi ? Est-il possible de donner sens à l’absurde, à ce qui dépasse l’idée de compréhension, d’acceptation ?
Mais Youri était vivant lorsqu’il avait entrepris ce voyage, il était amoureux, et par cette de retraite itinérante, c’est sa vie à lui qui s’insuffle dans le duo de pèlerins : trouver un sens à la vie est sans doute trop ambitieux ; mais retrouver le goût de la vie, au-delà de la douleur, quel meilleur hommage ? Ainsi retrouvons-nous ici quelque chose du « rire-médecin » – Youri était clown –, les rires de l’amitié, de la complicité, des rencontres qui redonnent vie. Reste la question du film qui inscrit le voyage dans une dimension artistique, dans cette dimension que loue Desplechin dans Spectateurs ! d’une réalité supérieure : Mathias Mlekuz est ici « réalisateur », le nom prend peut-être ici toute sa force.
VENDREDI 22 NOVEMBRE - 21H00
de Bas Devos
Belgique - 2024 - Romance - 82’
Avec Stefan GOTA et Liyo GONG
Stefan est ouvrier dans le bâtiment à Bruxelles. Sur le point de rentrer chez lui en Roumanie, il rencontre, en traversant la forêt, une jeune chercheuse d’origine chinoise, Shuxiu, qui étudie les mousses et les lichens. L’attention qu’elle porte à l’invisible l’arrête net dans son projet de retour.
On est « là » à la lisière de deux mondes : pas vraiment en pleine ville, pas plus en pleine campagne, une sorte d’espace intermédiaire, informel – entre géométrie de chantiers et friche brouillonne –, étrange, auquel nous sommes donc tous étrangers, en quelque sorte, autant que Stefan peut l’être. Bas Devos pose ainsi sa caméra et son format 4/3 comme un pinceau délicat et attentif, contemplatif, dresse patiemment un paysage qui se révèle dans la seconde partie d’un film, conçu comme un diptyque, qui s’apprivoise, révèle sa vie insoupçonnée sous le regard scrutateur, initiatique, de Shuxiu. On est comme suspendu par la beauté des liens qui se nouent avec la nature, qui se nouent entre les personnages et dont l’imperceptibilité ou l’improbabilité initiales nous rappellent qu’à chaque pas ou chaque rencontre se cache parfois un trésor.
Bas DEVOS : Né en 1983 à Bruxelles, il y étudie à la LUCA School of Arts, explorant toutes les facettes des métiers du cinéma. Here, sélectionné à la Berlinale 2024, est son quatrième long métrage. Le précédent, Ghost Tropic, fut présenté à Cannes en 2019, à la Quinzaine des réalisateurs.